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Des NFT littéraires comme les autres

Sommaire : Des NFT littéraires comme les autres

Les artisans modernes doivent redoubler d’imagination pour s’assurer un revenu. Dans certains domaines, la notion de NFT s’est bien incrustée, mais en littérature il semble y avoir une certaine réticence, sans parler du manque de connaissances dans le domaine et ses possibilités.

Par exemple, ici, au Québec, la mode des NFT s’est propagée… pas du tout en fait. Les NFT sont à peine connus chez les jeunes et généralement, les gens s’en foutent. La notion de non-fongibilité n’est pas comprise et son utilité n’est pas convaincante ni répandue.

Sans parler des autres problèmes entourant la cryptosphère, l’ombre des différentes IA s’étend sur les bancs d’artistes, ce qui n’augure rien de bon pour l’art en général.

Et à la fin de cet article, je vais vous présenter mon projet de NFT littéraires. Vous ne vous en sortirez pas.

Petit portrait de la littérature au Québec et ailleurs

Comme toute entreprise dans cet aquarium social, les distributeurs et éditeurs de livres œuvrent pour le profit. Qui peut les blâmer? Certes, plusieurs ont vraiment la culture à cœur, nul doute là-dessus, mais lorsqu’ils font leurs comptes à la fin du semestre, si la culture n’a pas fleuri en profit, ils auront dans le cul ce qu’ils avaient à cœur.

C’est pourquoi, au Québec comme en France, un auteur n’empoche en moyenne que 10% de redevances sur ses œuvres. Éditeurs et distributeurs, ayant un peu dans le cul ce qu’ils ont à cœur, redoublent d’ingénierie pour maximiser les profits, toujours au détriment d’autre chose: l’art ou l’auteur et par ricochet, le consommateur; tout le monde, si on pousse le raisonnement juste un peu. Triste constat d’un cirque aquatique qui dissout toutes nos institutions…

Quel avenir pour l’art en général?

De la façon dont je vois ça, ça s’en va dans le mur.

Les éditeurs vont préférer générer des histoires prémâchées illustrées et rédigées sans fautes grâce à l’IA. Idem pour les autres domaines artistiques.

La littérature sombrera dans les abysses de notre intérêt où elle se décomposera avec les autres formes d’art, leurs carcasses débitées par un squale et ses rémoras. Elle aura perdu son âme; l’industrie du livre l’aura vendue à l’idée la plus prédatrice qui n’ait jamais hypnotisé la société de toute son histoire, ce conte de comptes.

Les libraires, les distributeurs et autres intervenants de la chaîne du livre vont se retrouver dans un cul-de-sac. Parce que rendus là, les gens vont se générer eux-mêmes leurs propres histoires et n’auront même plus besoin de cette industrie. Idem pour tous les autres domaines artistiques. Échec et mat, mangé par le requin.

Que faire, tabarnak?

Les auteurs vont devoir rivaliser de créativité, pour faire changement. C’est là que les NFT pourraient contribuer de plusieurs façons. Leur non-fongibilité ouvre un océan de possibilités, mais il y a des problèmes qui rôdent. Pour l’avoir essayé, je sais de quoi je parle.

D’abord, ce n’est pas la technologie la plus accessible et la plus simple non plus. On est loin du feu et de la roue! Ceux qui ne savent pas nager dans la blockchain ne sont pas à veille d’acheter des NFT. La friction d’utilisation est encore bien trop grande. Et pour les créateurs, il est possible que la blockchain qu’ils ont choisie pour leur projet disparaisse dans un avenir plus ou moins proche. Pratique en crisse.

L’autre problème est la réputation atroce qui flotte autour des NFT et des cryptomonnaies, contaminant la technologie blockchain en entier. La première croquée a été le flot de fraudes, de piratages et d’arnaques qui ont inondé le web. La deuxième croquée a été le déluge de projets plus ou moins identiques qui s’est abattu sur les différentes chaînes, ses vagues manipulées en bulles d’échos dans le but de pêcher le plus de poissons possible.

Même si deux croquées tu as valent mieux que trois tu l’auras, j’ai plongé avec enthousiasme dans les profondeurs de la blockchain Tezos pour y semer des perles d’horreur.

Comme on dit chez nous: c’est là que je vous vends mes gogosses

Dans une ville comme les autres, il y a un ouvrier (dans sa tête il est un auteur) qui s’est dit : «au lieu de minter des millions de NFT tous pareils, je vais diviser mon roman en couplets et en refrains pour ensuite ne créer qu’un seul NFT de chacun. Des Talismans de Foi Numériques qui dépeignent l’horreur religieuse qui rôde dans notre subconscient singulier et pluriel, gravés dans la blockchain, en une mosaïque corrompue.»

Après se l’être dit, il l’a fait.

Voici La dernière partie de pétanque, 23 NFT sur la blockchain Tezos, représentant les différents refrains et couplets d’Une usine comme les autres:

https://objkt.com/collection/KT1L4mkkFxrktuK7rNzUg3g4WvMmNaUsm4Yq

Évidemment, c’est complètement hors contexte pour quiconque n’a pas lu le livre. Seuls ceux qui l’auront lu sauront. Personnellement, je trouvais ça pas mal plus créatif que de simplement couper en morceaux la pochette du livre:

https://www.jsimard.com/une-serie-comme-les-autres/

En créant mes NFT de cette façon, j’ai l’impression que ça leur donne une valeur intrinsèque. À moins que je sois dans le champ, je me fais peut-être des idées. Et je ne dis pas ça pour les vendre. Je n’écris pas pour l’argent, j’écris contre lui.

Et la suite des choses?

Une chose est certaine: l’être humain continuera à faire de l’art, même si ce n’est plus profitable pour personne. Pour la simple et bonne raison que la création artistique et sa consommation dépassent les vulgaires notions de rentabilité et de profit. Notre âme (qu’elle existe ou pas n’a aucune crisse d’importance) sera toujours plus importante que notre religion financière (qui n’existe pas hormis dans notre subconscient collectif, tel un aileron qui fait ombrage à toute notre réelle valeur) et l’art en est son expression la plus noble et la plus inspirante.

Achetez mes NFT! (rire diabolique)

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